Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

recommande à un curé qui avait été bon pour elle dans le voyage qu’elle avait fait pour rejoindre Jean-Jacques en Suisse… Et l’on pourrait citer vingt faits de cet ordre.

Il la voyait par ses meilleurs côtés. Il disait ce que disent souvent des hommes supérieurs vivant avec une bête : « Elle est simple, mais elle a beaucoup de bon sens, un instinct très sûr. » Jean-Jacques, adorateur de la nature et de l’instinct, devait le dire d’autant plus. — Après avoir parlé des pataquès de Thérèse, il ajoute :

Mais cette personne si bornée et, si l’on veut, si stupide, est d’un conseil excellent dans les occasions difficiles… Devant les dames du plus haut rang, devant les grands et les princes, ses sentiments, son bon sens, ses réponses et sa conduite lui ont attiré l’estime universelle, et à moi, sur son mérite, des compliments dont je sentais la sincérité.

Il y a bien ce passage du livre IX :

On connaîtra la force de mon attachement dans la suite, quand je découvrirai les plaies, les déchirures dont elle a navré mon coeur dans le plus fort de mes misères, sans que jusqu’au moment où j’écris ceci, il m’en soit échappé un mot de plainte à personne.

Mais ces « plaies » et ces « déchirures », il ne nous en dit plus rien. — Ce qui est sûr, c’est qu’il a conservé jusqu’au bout, jusqu’à la mort, ses sentiments pour Thérèse. — Le prince de Ligne le visite à Paris vers 1770 et cause longtemps avec lui. « Sa vilaine femme ou servante, dit-il