Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/77

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fants qu’en devenant fripon ; 4º on est très bien aux Enfants-Trouvés. Les enfants ne sortent des mains de la sage-femme que pour passer dans celles d’une nourrice. Rousseau sait bien que ces enfants ne sont pas élevés délicatement : tant mieux pour eux ! Ils en deviendront plus robustes. On n’en fait pas des messieurs, mais des paysans ou des ouvriers. Ils seront plus heureux que leur père.

Chemin faisant, il prévient une objection : « Il ne faut pas faire des enfants quand on ne peut pas les nourrir. — Pardonnez-moi, madame, la nature veut qu’on en fasse, puisque la terre produit de quoi nourrir tout le monde : mais c’est l’état des riches, c’est votre état qui vole au mien le pain de mes enfants. » (Ceci est écrit après le Discours sur les sciences et les arts.)

Enfin, cinquième raison, déjà donnée : il a cru agir comme un citoyen de la république de Platon.

(Il aurait pu ajouter encore cette excuse, — qui est de M. Gustave Lanson, — que, dans sa vie de vagabond, il avait appris à user sans scrupule des établissements de charité.)

Madame de Francueil aurait pu lui répondre que ses raisons ne valaient pas le diable. La misère ? Rousseau, au moment de la naissance des deux premiers enfants, gagnait neuf cents, puis mille francs chez madame Dupin. Il eût pu gagner davantage s’il n’eût pas été paresseux. Ces dames faisaient d’ailleurs des cadeaux à Thérèse, et auraient été charmées de s’occuper des enfants. Il dit qu’elles ne