Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/94

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La première partie est une série d’affirmations. « Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos arts et nos sciences se sont avancés à la perfection. » Cela est prouvé par l’histoire (l’histoire comme on l’enseignait dans les collèges). Voyez l’Égypte, la Grèce, Rome, l’Empire d’Orient, même la Chine.

Et voici la contre-épreuve « Opposons à ces tableaux celui des mœurs du petit nombre des peuples qui, préservés de cette contagion des vaines connaissances, ont par leurs vertus fait leur propre bonheur et l’exemple des autres nations. » Tels furent les premiers Perses, tels furent les premiers Romains. Et ici se place la prosopopée : « Ô Fabricius, qu’eût pensé votre grande âme… »

« Voilà comment, conclut Rousseau, le luxe, la dissolution et l’esclavage ont été de tout temps le châtiment des efforts orgueilleux que nous avons faits pour sortir de l’heureuse ignorance où la sagesse éternelle nous avait placés. »

La seconde partie est un essai d’explication de cette malfaisance des sciences et des arts.

L’origine des sciences est impure. « L’astronomie est née de la superstition (comment ? il ne le dit pas) ; l’éloquence, de l’ambition, de la haine, de la flatterie, du mensonge ; la géométrie, de l’avarice (allusion à un passage d’Hérodote) ; la physique, d’une vaine curiosité ; toutes, et la morale même, de l’orgueil humain. » (Ainsi parle cet homme modeste.) Bref « les sciences et les arts doivent leur naissance à nos vices. »