Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/95

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— Mais alors ce ne sont donc pas nos vices qui doivent naissance aux sciences et aux arts ?

— Si fait ; car, à leur tour, les sciences et les arts ont pour effets : la perte du temps, à cause de leur inutilité ; le luxe qui amollit. (Les peuples sans luxe ont été forts : ainsi la Perse de Cyrus, les Scythes, l’ancienne Rome, les Francs, les Saxons, les Suisses contre Charles le Téméraire, les Hollandais contre Philippe II.) Les sciences et les arts ont encore pour effets : la corruption du goût par le désir de plaire (ici, quelques remarques vraies), la diminution des vertus militaires, enfin la frivole et dangereuse éducation donnée aux enfants (ici encore de bonnes réflexions).

Les philosophes sont des charlatans. L’invention de l’imprimerie est une chose bien regrettable.

Il finit par une contradiction. Car il exalte tout de même Bacon, Descartes, Newton. Il distingue les faux savants ou philosophes et les vrais, et souhaite que les vrais dirigent les États : mais à quoi les reconnaîtra-t-on ? et qui les désignera ? Et puis, la science n’est donc pas toujours et nécessairement funeste ?

Ce premier discours est donc bien une déclamation pure, un morceau de rhétorique, et où éclate déjà une grande déraison et quelque niaiserie. Aucune précision. Rousseau paraît supposer que le « rétablissement des sciences et des arts » (par la diffusion des débris de l’ancienne Grèce après la prise de Constantinople), s’est opéré