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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/98

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« blague »), la sécheresse et la dureté du cœur (ce que Gresset avait peint en 1745 dans le Méchant), le tout mêlé a des prétentions « philosophiques ».

Rien, ou presque rien de tout cela dans le Discours de Jean-Jacques qui, au surplus, n’est nullement un observateur.

D’où vient donc que l’effet du Discours sur les sciences et les arts ait été tel que Garat, dans son Mémoire sur M. Suard, ait pu écrire :

C’est à ce moment même qu’une voix qui n’était pas jeune et qui était pourtant tout à fait inconnue, s’éleva, non du fond des déserts et des forêts, mais du sein même de ces sociétés, de ces académies et de cette philosophie où tant de lumières faisaient naître et nourrissaient tant d’espérances… Et, au nom de la vérité, c’est une accusation qu’elle intente, devant le genre humain, contre les lettres, les arts, les sciences et la société même… Et ce n’est pas, comme on le dit, le scandale qui fut général, c’est l’admiration et une sorte de terreur qui furent presque universelles.

Comment expliquer cela (à supposer que Garat n’exagère point) ?

C’est qu’il y avait, dans ce premier livre de Rousseau, l’accent et le style.

Il y avait l’accent de l’homme de lettres qui n’a pas réussi, du malade qui n’est bien que dans la solitude, de l’homme timide qui a souvent souffert dans les belles compagnies ; l’accent de l’ancien vagabond et du plébéien révolté ; bref,