… Ils accablent la faiblesse humaine en ajoutant au joug que Dieu nous impose… Qui ne voit que cette rigueur enfle la présomption, nourrit le dédain, entretient un chagrin superbe et un esprit de fastueuse singularité, fait paraître la vertu trop pesante, l’évangile excessif, le christianisme impossible ?
Le janséniste renchérit sur le surnaturel ; et, devant le mystère de la rédemption et de la grâce, il abdique sa raison plus totalement que les autres chrétiens. Mais il la retrouve, et il en revendique âprement les droits, lorsqu’il s’agit de savoir si les « cinq propositions » sont dans Jansénius ; et, contre le pape, contre la Sorbonne, contre les évêques de France, contre le roi, il soutient qu’elles n’y sont pas. Tandis qu’il paraît douter de la liberté humaine, le janséniste n’en montre pas moins une volonté indomptable. S’il s’anéantit devant Dieu, il est fier avec les hommes, et difficile avec les puissances. Son humilité ne l’empêche pas d’opposer les résistances les plus obstinées aux entreprises injustes des pouvoirs publics, des « grandeurs de chair » . Le janséniste est homme de protestation et d’opposition ; et c’est pourquoi Port-Royal a été si fort à la mode dans une partie de la noblesse et de la haute bourgeoisie.
Le jeune Racine ne sera point un homme d’opposition ; sans renier ses maîtres persécutés, il sera un chrétien soumis et un sujet amoureux de son roi. Mais l’opinion de Port-Royal sur la nature