Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/20

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janséniste est l’homme qui a le plus besoin de croire à Jésus rédempteur pour ne pas sombrer dans la négation et dans le désespoir. Non seulement Pascal paraît avoir connu ces tentations, mais de saintes religieuses, comme la mère Angélique de Saint-Jean :

J’appris, écrit-elle dans le récit de son séjour au couvent des Annonciades, ce que c’est que le désespoir et par où l’on y va… J’étais au hasard de laisser éteindre ma lampe… C’était comme une espèce de doute de toutes les choses de la foi et de la Providence.

Le janséniste est l’homme qui a le plus besoin de voir et de sentir partout, et dans les moindres choses, l’action de Dieu et qui a pour lui l’amour le plus inquiet. Le janséniste est l’homme qui aime Dieu avec le plus de désintéressement, puisqu’il craint toujours que Dieu ne le lui rende pas, et qu’il vit dans la terreur de n’avoir pas la grâce. Et, conséquemment, le janséniste est, de tous les chrétiens, celui qui s’examine avec le plus de diligence et d’angoisse.

Mais, d’autre part, le janséniste, si humble devant Dieu, nourrit, et peut-être à son insu, un secret orgueil, comme un homme qui ne ressemble pas aux autres, qui ne veut pas leur ressembler, et qui a des « opinions particulières » .

Dans l’Oraison funèbre de Nicolas Cornet, Bossuet parle ainsi des jansénistes :