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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/233

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ou de Coysevox, aux jardins de Le Nôtre, au palais de Versailles ; bref les plus « louis-quatorziennes », si je puis dire.

Aussi sont-ce les deux tragédies que le roi aima le mieux, et celles qui (Andromaque mise à part) eurent le plus de succès en leur temps. Toutes deux eurent en outre une magnifique carrière officielle (comme nous dirions aujourd’hui), firent partie de divertissements, de fêtes données à l’occasion d’événements royaux et nationaux (c’était alors même chose), de mariages ou de victoires royales et françaises. Toutes deux, peut-être à cause de cela, furent ménagées par la critique.


Dans ces années de Mithridate et d’Iphigénie, Racine, qui vient d’entrer à l’Académie, le 12 janvier 1673, à trente-trois ans, apparaît un peu « poète-lauréat » au sens anglais, poète de la cour : ce qui, je me hâte de le dire, n’a rien de désobligeant pour lui ; car il y a dans cette cour bien de l’esprit et un bien grand goût ; et les admirateurs les plus déclarés de Racine, c’est le grand Condé, c’est Colbert, c’est le duc de Chevreuse, et ce sont les Mortemart, si renommés pour leur esprit Vivonne, madame de Thianges, madame de Montespan.

Donc, on lit dans le Journal de Dangeau (dimanche 5 novembre 1684) : « Le soir, il y eut comédie française ; le roi y vint, et l’on choisit Mithridate, parce que c’est la comédie qui lui plaît le plus. »