Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NEUVIÈME CONFÉRENCE

ENCORE « PHÈDRE » .— RETRAITE DE RACINE. « ESTHER » .— « ATHALIE » .

Après Phèdre, Racine, à trente-sept ans, renonce au théâtre. Ceci est un fait extraordinaire, et peut-être unique de son espèce dans toute l’histoire de la littérature.

Car songez ! Racine était aimé. Il avait la gloire ; il était dans toute la force de son génie. Il avait ses tiroirs pleins de beaux projets de tragédies. Il devait être persuadé que son art était la plus haute des occupations humaines. La poésie devait être vraiment sa vie et son tout. Or, en pleine jeunesse, en pleine force et en pleine joie de production poétique, non seulement il se range tout à coup à une vie pieuse et à une pratique exacte de la morale chrétienne, ce qui serait déjà remarquable et singulier ; mais il répudie entièrement et sans retour ce qui avait été pour lui, jusque-là, la principale raison de vivre. Il fait une chose plus