Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/286

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entier à sa tâche, suit les armées, prend des notes, interroge les Vauban et les Louvois et tous les chefs compétents.— On a dit que cette histoire, détruite dans l’incendie de la maison de Valincour, eût été trop convenue, trop « officielle » . On n’en sait rien.— Il va tous les jours à la messe. Il pratique les vertus chrétiennes. Il s’efforce d’être humble…

Mais une dernière et délicieuse tentation le guettait.

Vous savez comment madame de Maintenon, qu’il voyait souvent chez le roi et dans une sorte d’intimité, et qui était encore belle, et qui avait de l’esprit et de la mesure, et qui devait lui plaire, demanda un jour à Racine d’écrire une pièce pour les pensionnaires de cette maison de Saint-Cyr où, se souvenant de son enfance pauvre et humiliée, elle élevait, sous la conduite de trente-six dames, deux cent cinquante jeunes filles pauvres et nobles, à qui l’on remettait trois mille écus à leur sortie pour les aider à se marier ou à vivre en province. Madame de Maintenon jugeait bon que ces demoiselles jouassent la comédie, « parce que ces sortes d’amusements donnent de la grâce, apprennent à mieux prononcer et cultivent la mémoire » (madame de Caylus). Mais les pièces édifiantes qu’écrivait pour elles leur supérieure, madame de Brinon, étaient vraiment par trop plates ; et, d’autre part, quand on avait essayé de leur faire jouer du Corneille et du Racine, elles avaient