Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/299

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glorieux vivre trente ans des restes de ce stropiat. Quel joli parallèle un bon rhéteur pourrait faire entre les deux maris de Françoise ! N’est-il pas admirable que la même femme ait épousé ce misérable et ce tout-puissant, ce phénomène de foire et ce premier grand rôle historique, le plus bouffon des hommes et le plus solennel, l’empereur du burlesque et le roi de France, le roi Mayeux et le roi Soleil, et qu’elle ait donné ses frais dix-sept ans au monstre et sa maturité sèche au demi-dieu ?

Mais plaignons la belle Indienne malgré son extraordinaire fortune. Plaignons-la de s’être mise constamment, avec tous ses mérites, dans le cas de ne pouvoir être aimée ni estimée en pleine sécurité.— Femme d’un infirme qui ne pouvait être son mari ; amie intime d’une courtisane (Ninon) ; amie de plusieurs grandes dames, mais à la façon d’une demoiselle de compagnie ; gouvernante des enfants du roi, mais de ses enfants naturels ; épouse du roi, mais son épouse secrète… c’est le malheur de cette femme distinguée, intelligente et probablement vertueuse, de n’avoir jamais eu de situation parfaitement franche. Et on dirait (nous l’avons vu) que ce qu’il y a eu, dans sa vie, de gêné, d’équivoque, de mal défini, a passé jusque dans ses procédés et ses théories d’éducatrice.

Étouffée par madame de Maintenon, Athalie, lorsqu’elle fut imprimée en 1691, dérouta le public