Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/318

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« Eh bien, nous pleurerons, voilà un grand mal pour nous ! » et ce vers du premier de ses quatre Cantiques spirituels :

Si je n’aime, je ne suis rien.

Cette vie si vraiment humaine, si pleine de faiblesse et d’héroïsme et de belles larmes ; nous avons vu que Port-Royal l’encadre et la pénètre tout entière. Non seulement Port-Royal le nourrit, et, après vingt ans de séparation, le recueille et l’apaise ; mais on peut dire que le théâtre de Racine est la fleur profane et imprévue du grand travail de méditation religieuse et de perfectionnement intérieur qui s’est accompli jadis à Port-Royal-des-Champs. Car c’est la description de l’homme naturel selon Port-Royal qui compose le fond solide et fait l’énergie secrète de ses mélodieuses tragédies, de même que c’est la beauté, la mesure et l’eurythmie grecques qui lui en ont conseillé la forme : en sorte qu’il réunit réellement et fond en lui les deux plus belles traditions de notre humanité : l’hellénique et la chrétienne.


Cela fait un merveilleux composé. Le théâtre de Racine est le diamant de notre littérature classique. Car il n’est pas de théâtre, je pense, qui contienne à la fois plus d’ordre et de mouvement intérieur, plus de vérité psychologique, et plus de poésie.


Ordre et mouvement.

Je pourrais vous dire, après beaucoup d’autres :