Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/332

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espèce de La Fontaine perdu parmi les romantiques L’histoire se passe dans le pays même de Racine, le Valois. Elle sent à chaque page la vieille France et nullement l’antiquité grecque ou biblique. Et pourtant il me semble qu’on pourrait dire des savantes tragédies de Racine ce que dit Gérard de Nerval des chansons de la terre où Jean Racine est né :

Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d’un français si naturellement pur, que l’on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la France.

De même, nous dirons des tragédies de Racine, grecques, romaines, bibliques, peu importe :

— Elles dansent en rond sur la pelouse et dans le jardin du roi, en chantant des airs qui viennent de très loin dans le temps et dans l’espace, mais d’un français si naturellement pur que c’est en les écoutant qu’on se sent le mieux vivre en France, et avec le plus de fierté intime et d’attendrissement.


Un des bas-reliefs du monument tumultueux et déchiqueté que la troisième République a élevé à Victor Hugo, le représente reçu par les autres poètes dans les Champs-Élysées. On y a mis Homère, Shakespeare, Dante. On y a mis Corneille,