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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/34

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jolis endroits. Il faut lire, du premier, le Matin, la Solitude, la Maison de Silvie, et, du second, le Promenoir des deux amants.

Que dites-vous de ces deux strophes de la Maison de Sylvie ?

Un soir que les flots mariniers Apprêtaient leur molle litière Aux quatre rouges timoniers Qui sont au joug de la lumière, Je penchais mes yeux sur le bord D’un lit où la Naïade dort, Et regardant pêcher Silvie, Je voyais battre les poissons À qui plus tôt perdrait la vie En l’honneur de ses hameçons.

D’une main défendant le bruit, Et de l’autre jetant la ligne, Elle fait qu’abordant la nuit, Le jour plus bellement décline ; Le soleil craignait d’éclairer, Et craignait de se retirer ; Les étoiles n’osaient paraître ; Les flots n’osaient s’entre-pousser. Le zéphire n’osait passer, L’herbe se retenait de croître.

Et que dites-vous de ces quatrains du Promenoir des deux amants ?

Auprès de cette grotte sombre
Où l’on respire un air si doux,
L’onde lutte avec les cailloux
Et la lumière avecque l’ombre.

Ces flots, lassés de l’exercice
Qu’ils ont fait dessus ce gravier
Se reposent dans ce vivier
Où mourut autrefois Narcisse.