Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/35

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C’est un des miroirs où le Faune
Vient voir si son teint cramoisi,
Depuis que l’amour l’a saisi,
Ne serait point devenu jaune.

L’ombre de cette fleur vermeille
Et celle de ces joncs pendants
Paraissent être là-dedans
Les songes de l’eau qui sommeille.

Ce Tristan et ce Théophile sont des poètes ingénieux— et qui aiment la nature, oh ! mon Dieu, peut-être autant que nous l’aimons. Seulement, c’est plus fort qu’eux, ils ne peuvent la peindre sans mêler à leurs peintures, trop menues, trop sèchement détaillées, de l’esprit et des pointes, et une trop piquante mythologie.

Racine, à seize ans, les copie de son mieux dans ses odes enfantines. Il emploie la strophe préférée de Théophile (en abrégeant seulement, et d’une façon qui n’est peut-être pas très heureuse, — car elle la rend trop sautillante— le septième et le neuvième vers de la strophe). Son imitation est, en général, assez faible ; il a vraiment trop d’épithètes insignifiantes, telles qu’agréable et admirable. Mais il a pourtant des strophes assez réussies dans leur genre, et pas trop éloignées de leur modèle ; celle-ci, par exemple :

Là, l’hirondelle voltigeante,
Rasant les flots clairs et polis,
Y vient avec cent petits cris
Baiser son image naissante.
Là, mille autres petits oiseaux
Peignent encore dans les eaux