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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/38

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est, si je puis ainsi parler, une façon plus sensuelle de les lire. Il traduit beaucoup, beaucoup de grec, et même des auteurs simplement curieux, tels que Diogène Laërce, Eusèbe et Philon. Et il commence un prodigieux travail d’annotations, souvent page par page, sur la presque totalité de la littérature grecque et sur une bonne partie de la latine. Lorsqu’il sort de Port-Royal au mois d’octobre 1658, Jean Racine est à la fois un adolescent très pieux, — et un adolescent fou de littérature.

Fou de littérature, il le serait peut-être devenu de lui-même. Mais il est certain qu’il l’était aussi par la faute de ses vénérables maîtres.

Ses vénérables maîtres estimaient peu la littérature en elle-même. Pour leur compte, ils ne visaient pas au talent. Ils jugeaient que ce qu’il convient d’étudier chez les anciens et de leur emprunter, c’est simplement l’art d’exprimer clairement et exactement sa pensée, afin qu’elle soit plus efficace. Mais comment pouvaient-ils croire qu’un enfant tendre, intelligent et passionné ne chercherait que cela dans Homère, Sophocle, Euripide, Térence, Virgile ? Est-ce par ces lectures qu’ils pensaient le détourner de la poésie, ou le munir d’avance contre les passions ? Ces saints hommes goûtaient trop les belles-lettres. Ils n’étaient pas parfaitement conséquents avec eux-mêmes, et je les en aime davantage.— Il est