Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/39

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bien probable, d’ailleurs, que les religieuses, et sa tante la mère Agnès de Saint-Thècle, et sa grand’mère Marie Desmoulins, avaient été touchées des strophes où l’enfant les comparait à des « temples animés » et les appelait « astres vivants » (dame ! mettez-vous à leur place) ; qu’il leur avait montré sa traduction des Hymnes et qu’elles en avaient été émerveillées ; et il est bien probable aussi que ces « messieurs » n’avaient pu se tenir de louer les vers latins que Racine avait adressés au Christ (ad Christum) pour le supplier de défendre Port-Royal contre ses ennemis.

Ainsi, sans le savoir, Port-Royal poussait l’écolier vers la littérature et la poésie, — et vers le théâtre, qui en était alors la forme la plus éclatante. Port-Royal poussait Jean Racine à la damnation, jusqu’à l’heure où il devait le ressaisir pour le salut ; et il en résultera une vie des plus tourmentées, des plus passionnées, des plus humaines par ses contradictions intérieures. Sa vie même fut certainement, aux yeux de Dieu, la plus belle de ses tragédies.