Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/71

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peut le croire et nous le suggérer sans déformer ses héroïnes païennes, puisque tout cela est dans Plutarque.

En somme, ne pouvant paganiser le christianisme, il christianise le paganisme. Car il les aimait tous les deux. La Bruyère dit fort bien : « Oserai-je dire que le cœur seul concilie les choses extrêmes et admet les incompatibles ? » C’est une remarque dont nous pourrons souvent constater la vérité soit dans la vie, soit dans l’œuvre de Racine. À l’opposé des romantiques, Racine est un merveilleux conciliateur de traditions, et cela, mieux peut-être que tout le reste, témoigne de l’étendue de sa sensibilité, de sa puissance d’aimer, de la richesse de son âme.

Retenons aujourd’hui ceci : — Dès seize ans, à Port-Royal-des-Champs, Racine, écrivant ses notes d’écolier, était déjà, à l’égard de l’hellénisme et du christianisme et quant à l’interprétation de la nature humaine, dans la disposition d’esprit qui lui permettra, vingt ans plus tard, d’écrire la merveille de Phèdre.