épique et lyrique plus que dramatique, et où il ne pouvait rien prendre) les Phéniciennes d’Euripide, le long fragment de la Thébaïde latine attribuée à Sénèque, et l’Antigone de Rotrou (1638).
Oh ! la tragédie d’Euripide est fort belle. Mais elle ne contient guère qu’une grande scène proprement dramatique : la scène entre Jocaste et ses deux fils. Le reste est, presque autant que chez Eschyle, lyrique ou épique. Beaucoup de mythologie (qui plaisait aux Athéniens, puisque c’était la leur) ; beaucoup de pittoresque ; les récits et les descriptions sont d’une couleur extraordinaire ; Euripide s’y est particulièrement appliqué. Et pourquoi ce titre : les Phéniciennes ? C’est que des Phéniciennes y forment le chœur. Ces Phéniciennes sont des captives que les Tyriens envoyaient à Delphes pour y être consacrées à Apollon, et qui ont été obligées, par l’arrivée inattendue de l’armée des Argiens, de s’enfermer dans Thèbes. Mais pourquoi Euripide a-t-il voulu qu’elles formassent le chœur ? « C’est, dit le scholiaste, pour qu’elles pussent, étant étrangères, reprocher son injustice à Étéocle. » Mais c’est bien plutôt encore à cause de la richesse et de la singularité de leur costume exotique, et pour en amuser les yeux des Athéniens.
En outre, la pièce d’Euripide reste liée étroitement à un drame antérieur et à toute l’histoire du malheureux Œdipe. La haine mutuelle de ses deux fils, et leur duel fratricide, et le désespoir de Jocaste