Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/98

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et la mort d’Hémon, c’est le fruit de la première faute d’Œdipe, puis de ses imprécations sur lui-même et sur sa race. Car, suivant une idée qui remplit le théâtre grec, toute faute amène un malheur, et les malheurs ensuite s’enchaînent fatalement. Les Phéniciennes, c’est un épisode de la vie d’Œdipe. Pendant tout le drame, le vieil aveugle est dans un souterrain du palais, où ses fils l’ont séquestré ; et, après la mort d’Étéocle, de Polynice et de Jocaste, il sort du palais pour se mêler aux lamentations, prend ensuite la route de l’exil, appuyé sur Antigone, et s’en va vers Colone où il doit mourir.

Racine, très nettement, écarte presque tout le lyrisme, et le pittoresque, et la mythologie des Phéniciennes. Il réduit exactement son sujet à l’histoire de la haine et de la querelle des deux frères et à ses conséquences immédiates. Il ne retient des Phéniciennes que ce qu’il croit pouvoir intéresser les hommes de son temps.

De la déclamatoire et très peu dramatique Thébaïde de Sénèque, il ne note que quelques traits. De même de la Thébaïde de Stace.

Puis il lit l’Antigone de Rotrou (de 1638).

L’Antigone de Rotrou est une espèce de drame romantique. Shakespeare, si par hasard il eût rencontré ce sujet (une trentaine d’années auparavant), l’eût sans doute traité un peu de la même façon, avec seulement plus de génie. (Les rapports sont d’ailleurs nombreux et frappants entre