Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/107

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la ferme-château, ce sont là de très aimables modèles d’un genre que Sainte-Beuve aimait et où M. Coppée a du premier coup excellé.

Le charme dont nous étions tout à l’heure en quête se retrouve dans certaines pièces du Cahier rouge et surtout dans l’Exilée[1], très court recueil, mais d’un accent particulier, plus chaste et, je crois, plus épris que celui des Intimités ; petits vers où se joue et se plaint l’amour d’un Parisien de quarante ans pour une jeune fille de Norvège rencontrée en Suisse dans quelque hôtel ; fantaisie d’artiste sans doute, mais avec de la tendresse et presque de la candeur au fond ; dernier amour, regain de printemps et de soleil. Vous voyez bien qu’il se trompait, le superbe Olivier qui « voulait mourir, ne pouvant plus aimer ». Il aime encore ; mais aujourd’hui il appelle la bien-aimée « mon enfant » et lui promet « l’indulgence d’un père » (ce qui est triste).

  Et le chagrin qu’un jour vous me pourrez donner,
  J’y tiens pour la douceur de vous le pardonner.

  Vous m’aimerez un peu, moi qui vous aime tant !

Les plaintes redoublent à la fin, et il semble bien qu’il y ait une vraie souffrance sous ces vers si bien ciselés. Puis il se résigne ; il est fier, « dût-il en mourir », d’avoir aimé une dernière fois. Consolation

  1. Récits et élégies.