Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/108

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mélancolique. Mais il y a bien de la grâce et quelque chose de touchant dans ces aveux, ces plaintes, cette fausse résignation. Pauvre poète, à qui votre expérience et votre virtuosité auraient dû faire une cuirasse impénétrable, tandis que vous offrez à « la belle enfant du Nord » vos rimes si bien oeuvrées, on songe un peu au richard qui, dans le tableau de Sigallon, offre des bijoux à sa dame. De l’autre côté du tableau, le jouvenceau n’offre rien que sa jeunesse. Et voilà pour vous la blessure, et pour bien d’autres

  Et je ne me dis pas que c’est une folie,
  Que j’avais dix-sept ans le jour où tu naquis ;
  Car ce triste passé, je l’efface et l’oublie.

Soyez donc Parisien, sceptique, observateur par métier, artiste et rien de plus ; soyez habitué de longue date à ne considérer les accidents du monde et l’univers entier que comme une matière offerte au travail de l’art ! « Le cœur est toujours jeune et peut toujours saigner. » Et je suis en effet tenté de croire que les petites pièces de l’Exilée sont de celles où M. Coppée a mis ou laissé le plus de son cœur.


IV

Mais ce qui, dans son œuvre, paraîtra un jour le plus original, ce sont sans doute les Poèmes modernes et les Humbles.