Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/128

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au chanteur… Un peu après, Djérid, errant sur le quai, entend qu’on jette à la mer Aïna cousue dans un sac. En même temps un elkovan (oiseau du pays) vient se poser sur sa main, et il croit que c’est l’âme de son amie. Dans tout cela beaucoup d’amour pur, d’idéal, de mélancolie et de cette « couleur locale » un peu convenue qu’on aimait sous Louis-Philippe. C’est quelque chose de pur, d’élégant et de gracieusement vieillot : une Namouna lamartinienne ou, si l’on préfère, une romance en récit dans un décor des Orientales.

Puis voici un dialogue entre l’ange de la France, l’ange de l’Italie, l’ange de la Pologne, Lucifer et saint Michel. La Pologne, nous l’aimons bien, car les Polonais nous ressemblent un peu. Pourtant la Pologne nous fait sourire aujourd’hui et nous ne la voyons plus guère que sous les espèces d’un Ladislas de table d’hôte. Or la Pologne a fort préoccupé M. Édouard Grenier. Elle reparaît dans Marcel. Qu’est-ce à dire, sinon que M. Grenier a eu toutes les illusions et toutes les générosités d’une époque qui en avait beaucoup et qui ne nous les a pas léguées ?

Il y a de la grandeur et de la grâce dans le Premier jour de l’Éden. L’air, les eaux, les arbres, les fleurs, les cygnes, toute la création chante à la femme sa bienvenue au jour. Ève, déjà inquiète et capricieuse, trouve les animaux, les fleurs, les oiseaux beaucoup plus jolis et plus heureux qu’elle. N’est-ce pas une aimable idée ? Adam proteste : c’est, sans doute, ce