qu’elle désirait. Arrive le serpent qui fait aussi sa déclaration à la femme, non plus innocemment comme les arbres ou les cygnes, mais finement, tendrement, humblement, comme un séducteur, comme un amoureux, comme un homme. Ève est ravie ; au reste, ce petit animal l’a tout de suite intéressée :
Sous sa gaine allongée et son réseau d’écaille,
Comme il sait se mouvoir dans sa petite taille !
La grâce sert de rythme à tous ses mouvements.
L’esprit lui sort des yeux, et ses yeux sont charmants.
De quel air suppliant il retourne la tête !
Ne crains rien ; viens vers moi, pauvre petite bête !
Ta démarche est étrange et ton corps incomplet ;
Mais ton malheur me touche et ton regard me plaît.
Elle l’enroule autour de son bras et de son cou dont il fait ressortir la blancheur, et le serpent de l’Éden est la première parure de la femme, son premier collier, son premier bracelet. Et alors il lui parle à l’oreille, lui dit que la terre est déjà fort ancienne, qu’il y a eu déjà un autre monde avant celui-là, celui des reptiles, beaucoup plus grand. Dieu l’a détruit et tout est devenu petit et joli. Mais ce monde nouveau, Dieu voudra peut-être encore le remplacer par un autre…. L’arrivée d’Adam interrompt l’entretien ; mais le serpent a donné rendez-vous à Ève sous l’arbre de la science : c’est là qu’il lui dira le reste. La nuit vient : Ève a peur que ce ne soit la fin du monde ; Adam même, déjà faible, n’est pas tranquille : un ange apparaît et les rassure. Ainsi nous assistons au prologue de