Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/139

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nous plaisons à dire qu’ils sont nos vrais pères intellectuels et que nous leur ressemblons. C’est l’âme hellénique que beaucoup d’artistes et d’écrivains de nos jours ont réveillée de préférence en eux et dans leurs ouvrages. La religion des Grecs leur paraît la plus belle ; leur vie, la plus naturelle et la plus noble ; leur art, le plus parfait. André Chénier commence notre initiation aux mystères de la beauté pure et de la forme accomplie ; Cymodocée est presque l’unique grâce des Martyrs de Chateaubriand ; Béranger lui-même a eu son rêve grec :

 Oui, je fus Grec ; Pythagore a raison.

Et Musset :

  Grèce, ô mère des arts,. . . . . . . . . .
  Je suis un citoyen de tes siècles antiques ;
  Mon âme avec l’abeille erre sous tes portiques…

Hugo, plusieurs fois, dans la Légende des siècles. applique ses lèvres d’airain, ses lèvres de prophète à la flûte de Sicile. Théophile Gautier, Paul de Saint-Victor, M. Cherbuliez et bien d’autres ne peuvent se consoler de la mort des beaux dieux de Grèce ; Heine découvre l’île où ils sont relégués ; M. Théodore de Banville les fait passer par l’atelier de Paul Véronèse. Leur culte va grandissant. Les derniers poètes, MM. Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme, Louis Ménard, France, Silvestre, les aiment d’amour. Des