contiennent d’original et de propre à l’écrivain ? Et ce n’est pas une si petite affaire qu’on pourrait le croire, ni si vite réglée.
Cela ne revient point à mettre au début, par une fiction naïve, tous les écrivains sur le même rang. Cette étude sympathique doit être précédée d’une espèce de déblayement et de triage, qui se fait naturellement. Il est visible qu’il y a des livres qui ne sont pas matière de critique, des livres non avenus (et le nombre des éditions n’y fait rien). D’autre part, sauf quelques cas douteux, on sent très bien et il est établi entre mandarins vraiment lettrés que tels écrivains, quels que soient d’ailleurs leurs défauts et leurs manies, « existent », comme on dit, et valent la peine d’être regardés de près. L’auteur de l’Assommoir est un de ceux-là, même pour M. Brunetière, et M. Edmond de Goncourt en est aussi, malgré tout, — et plus sûrement encore les deux Goncourt en sont. Et de même M. Feuillet, M. Cherbuliez, M. Theuriet. Mais beaucoup de sous-naturalistes et de sous-idéalistes n’en sont pas.
Or tous ceux qui en sont, c’est-à-dire tous ceux qui, dans quelque endroit de leur œuvre, nous donnent quelque impression esthétique un peu forte et un peu prolongée, on a le droit de les critiquer à coup sûr, mais non de les traiter durement, et il faut, avant tout, leur savoir gré du plaisir qu’ils nous ont fait. Car le beau, où qu’il se trouve et si mal accompagné qu’il soit, est toujours le beau, et on