Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/260

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cipe : ce qui n’est ni d’un esprit libre ni d’un esprit libéral. Et par malheur il l’a fait sans grâce, d’un air imperturbable, sous forme de mandements à la jeunesse française. Par là il a agacé nombre d’honnêtes gens et leur a fourni de si bonnes raisons de ne le point comprendre, qu’ils sont fort excusables d’en avoir usé. Car voici ce qui est arrivé. D’une part, ces bonnes gens ont traité d’absurdes les théories de M. Zola ; mais en même temps ils ont affecté de les prendre au mot et se sont plu à montrer qu’elles n’étaient pas appliquées dans ses romans. Ils ont donc condamné ces romans pour avoir manqué à des règles qu’eux-mêmes venaient de condamner tout d’abord. Ils ont dit, par exemple : Nana ne ressemble guère aux courtisanes que l’on connaît ; vos bourgeois de Pot-Bouille ressemblent encore moins à la moyenne des bourgeois ; en outre, vos livres sont pleins d’ordures et la proportion de l’ignoble y est certainement plus forte que dans la réalité : donc, ils ne valent pas le diable. Bref, on s’est servi contre M. Zola des armes qu’il avait lui-même fournies et on a voulu lui faire porter la peine des théories dont il nous a rebattu les oreilles.

C’est peut-être de bonne guerre ; mais ce n’est pas d’une critique équitable, car les romans de M. Zola pourraient aller contre ses doctrines, et n’en être pas moins de belles œuvres. Je voudrais donc le défendre (sans lui en demander la permission) et contre ses « détracteurs » et contre ses propres illusions. « C’est