Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/262

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ou des passions des principaux acteurs. L’autre veut peindre une classe, un groupe, qu’il connaît en gros, et qu’il se représente d’une certaine façon avant toute étude particulière ; il imagine ensuite un drame très simple et très large, où des masses puissent se mouvoir et où puissent se montrer en plein des types très généraux. Ainsi M. Zola invente beaucoup plus qu’il n’observe ; il est vraiment poète si l’on prend le mot au sens étymologique, qui est un peu grossier — et poète idéaliste, si l’on prend le mot au rebours de son sens habituel. Voyons donc quelle sorte de simplification hardie ce poète applique à la peinture des hommes, des choses et des milieux, et nous ne serons pas loin de le connaître tout entier.


II

Tout jeune, dans les Contes à Ninon, M. Zola ne montrait qu’un goût médiocre pour la « vérité vraie » et donnait volontiers dans les caprices innocents d’une poésie un peu fade. Il n’avait certes rien d’un « expérimentateur ». Mais déjà il manquait d’esprit et de gaîté et se révélait çà et là descripteur vigoureux des choses concrètes par l’infatigable accumulation des détails.

Maintenant qu’il a trouvé sa voie et sa matière, il nous apparaît, et de plus en plus, comme le poète