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À rebours. Et qu’a-t-il fait jusqu’ici que prendre l’art « à rebours » ?

M. Zola est un écrivain suranné, une « perruque » à côté de M. Huysmans. M. Zola raconte les vastes drames de la vie animale ; il peint des dégradations, des corruptions croissantes ; il déroule des histoires qui « marchent », qui ont un commencement et une fin. Au reste il n’a pas de mépris aristocratiques pour les choses qu’il peint et les personnages qu’il fait mouvoir. Son pessimisme est plein de sérénité à côté de la misanthropie aigre de M. Huysmans. Et sa forme paraît purement classique auprès des procédés de composition et de style de l’auteur de Marthe.

À rebours ! Des Esseintes peut venir : ses fantaisies ne pourront pas être beaucoup plus artificielles que celles de M. Huysmans, et les deux ne sont, au reste, qu’un seul et même personnage.


IV

Quelques-uns ont cru voir dans des Esseintes quelque chose comme le Werther ou le René de l’an de grâce 1885, le mal de René s’étant notablement aggravé et modifié dans l’espace de quatre-vingts années.

On connaît le cas de René et des romantiques. C’était en somme le sentiment d’une disproportion douloureuse entre la volonté et les aspirations, avec