Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/146

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Quoi ! ce serait pour contenter une puérile passion qu’il écouterait si solennellement vos aveux ? Laissez-moi vous le dire, messieurs, vous ne le connaissez pas. Expliquez-moi pourquoi, en vous parlant, je vous aime, vous qui n’êtes pas mon sang, vous que je ne connais, pour la plupart, que pour vous avoir aperçus du haut de cette chaire ? N’est-ce pas que je vois sortir de vos yeux comme un flot de votre vie qui vient se mêler à ma vie ? N’est-ce pas que je crois reconnaître dans ce signe une sorte de sacrement par lequel votre cœur vient chercher mon cœur ? Et vous voudriez qu’au moment suprême où votre cœur se donne sans mystère et sans réserve, le prêtre n’accueillît cette tradition de tout vous-même que pour examiner froidement vos plaies saignantes et se jeter sur votre âme comme le dissecteur sur un cadavre ? Qu’a donc fait le prêtre, qui puisse lui mériter cette injure ?

Je regrette qu’après cela, pour nous montrer jusqu’à quel point le ministère sacré de la confession transfigure le représentant de Dieu, le Père Monsabré nous ait raconté l’histoire mélodramatique d’un prêtre confessant un mendiant et découvrant en lui l’assassin de son père et de sa mère. On se rappelle une scène semblable dans un mélo d’il y a trois ou quatre ans.

À côté des raisons que l’on dit, il y a les autres.

Ambition, cupidité, égoïsme, rapine, envie, haine, débauche du cœur et des sens, dépérissement de la foi, oubli coupable du devoir, affaissement de la moralité, lâcheté du respect humain : voilà, messieurs, les raisons