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V

J’ai entendu d’autres prédicateurs du carême, mais en courant et avec trop peu de suite pour avoir un sentiment bien arrêté soit sur le talent de chacun, soit sur l’état actuel de l’éloquence sacrée. On y pourrait, à la rigueur, discerner un double mouvement. Un certain nombre de prédicateurs reviennent décidément, comme le Père Monsabré, à l’exposition pure et simple du dogme et de la morale chrétienne d’après la Somme de saint Thomas, qui est comme on sait, en grande faveur auprès de Léon XIII. D’autres, à l’exemple de Lacordaire, agitent les questions de l’heure présente, combattent le siècle sur son propre terrain, mais à leur façon et sans chercher à imiter la manière du grand dominicain. Ils s’attaquent au matérialisme, au positivisme, au scepticisme et autres monstres avec une éloquence qui m’a semblé, chez quelques-uns, sincère et cordiale, et tour à tour par des raisons de sentiment et par des arguments un peu gros, bien appropriés à leurs auditoires. — Le Père Lange, l’abbé Frémont, surtout l’abbé Perraud et plus encore l’abbé Huvelin valent certes la peine d’être entendus.

J’ai seulement remarqué, dans une paroisse de la rive gauche, une innovation fâcheuse, celle des « conférences dialoguées ». Un prêtre dans la chaire