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la littérature romantique, qui est bien connue, encore proche de nous et assez facile à délimiter sinon à définir, a pu s’inspirer de Shakspeare, de Dante et des poètes grecs, juifs et espagnols, s’ensuit-il que tous ces poètes doivent être appelés romantiques ? Sophisme d’autant plus surprenant que M. Deschanel saisit fort bien les éléments du romantisme tel qu’il a fleuri dans des œuvres que tout le monde peut nommer. Il y a, suivant lui, une première façon, la vraie, de concevoir le romantisme (c’est de le considérer comme l’amalgame du présent et du passé), et une seconde définition qui le fait consister dans « le mélange du tragique et du comique, le retour aux sujets modernes, le joug des trois unités secoué, le vers assoupli, le lyrisme ou la familiarité du style ». Il appelle cela « une manière moins large »[1] d’entendre le romantisme. Mais qui ne voit que c’est là une manière essentiellement différente, qui n’a rien de commun avec la première, et que l’une ne peut, en aucun cas, être substituée à l’autre ?


III

On a vu que ce qui ravit surtout M. Deschanel, c’est la complexité des éléments du théâtre de Racine. Chacune de ses pièces nous offre un sujet antique ou exotique approprié au goût des contemporains de

  1. II, p. 276.