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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/231

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tuel de cette plaisanterie. Mais j’ai tort de découper ces trop courtes citations au hasard de mes souvenirs. Ce n’est plus cela du tout, car cette verve robuste vaut surtout par l’insistance, par le copieux, par l’ample jaillissement sans effort ni saccade. Toute la prose de M. Sarcey est visiblement écrite au courant de la plume. Et peut-être, plus travaillée, vaudrait-elle moins. Il pourrait dire de sa prose ce que Chapelle disait de ses vers :

    Tout bon habitant du Marais
    Fait des vers qui ne coûtent guère.
    Moi, c’est ainsi que je les fais,
    Et, si les voulais mieux faire,
    Je les ferais bien plus mauvais.

Comment M. Sarcey suffirait-il autrement à sa tâche écrasante ? Mais, au reste, quand il voudrait s’appliquer, ciseler, fignoler, chercher l’expression rare, il n’y arriverait pas. Simplicité, clarté, naturel, mouvement aisé, verve entraînante, c’est là tout son fait. Il est de bonne race gauloise.

Et à cause de cela beaucoup de choses, sans échapper à son intelligence, restent en dehors de ses sympathies, quelque effort qu’il fasse d’ailleurs pour les aimer. Comme il est très sincère, il nous a confessé lui-même qu’il avait mis beaucoup de temps à goûter la poésie de Victor Hugo, celle du moins des trente dernières années, et je ne crois guère à un goût si laborieusement acquis. À plus forte raison est-il incapable d’apprécier beaucoup les extrêmes raffine-