Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/265

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— Il semblait entendu, établi par une infinité de professeurs et de critiques qu’Esther était une fort belle élégie, mais un drame assez faible : M. Weiss l’appelle « un des plus vigoureux en sa suavité qui existent ». — L’usage est de mettre Athalie au-dessus d’Esther : « J’ai, dit M. Weiss, la faiblesse de préférer Esther à Athalie. » — L’usage est de répéter que l’action dramatique manque un peu dans Bérénice. « Il y a au contraire un drame, le plus douloureux, le plus fier, le plus délicat des drames. Élégie tant que vous voudrez, mais élégie souverainement dramatique. »

Puis ce sont des rapprochements de noms et d’idées propres à troubler les esprits timides. — « On pourrait admirer, au troisième acte de Ma camarade, une psychologie racinienne. » — « Pour l’élan du geste il n’y a eu de nos jours, avec Thérésa, que Rachel, et encore ! » — « Le truc du brigadier dans la Champenoise, c’est un des trucs de l’Ars amatoria d’Ovide. » — « Le prologue d’Amphitryon contient en germe Orphée aux enfers et la Belle Hélène. » — À propos d’Un chapeau de paille d’Italie : « Voilà la filiation : Molière, Paul de Kock, Labiche. » — Le drame d’Antony, étant un drame psychologique, « tient de la méthode du XVIIe siècle et des tragiques grecs », etc., etc.

Qu’il soit bien entendu que je ne conteste point la justesse ni de ces admirations paradoxales ni de ces rapprochements imprévus. Je cherche seulement à