Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/271

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naître Paris dans ses recoins ; il nous signale dans une chronique, tel restaurant voisin des Halles centrales ; il hante le boulevard Bonne-Nouvelle le samedi, le jour des juives : « Éblouissant, ce boulevard, de deux à quatre, quand les filles de Sion débouchent par essaims… » Il n’aime rien tant que le théâtre de Sophocle, sinon peut-être celui de Meilhac et Halévy. Sur Corneille et Racine, il s’abandonne à des effusions intransigeantes : nul n’a plus contribué que lui à mettre à la mode le parti pris très distingué de les admirer sans réserve, de tout voir chez eux, même des choses auxquelles il ne semble pas qu’ils aient beaucoup songé. Il découvre dans Polyeucte « tous les types et tous les phénomènes qui ont dû se produire durant les deux premiers siècles au cours de la révolution chrétienne ». Après avoir cité la strophe : « Tout l’univers est plein de sa magnificence…, » il ajoute : « Pour moi, quand je lis de tels vers, je ne sais que m’écrier : Hosannah ! hosannah ! » Tartufe ne l’amuse pas ; mais Amphitryon ! « La langue d’Amphitryon est la plus souple, la plus épanouie, la plus polie, la plus savoureuse, la plus riante, la plus pure qu’on ait écrite. » Quand il nous parle de Labiche, il n’y a plus que Labiche et son rire épique ; et quand il nous parle d’Octave Feuillet, il n’y a plus qu’Octave Feuillet et son délicieux romanesque, consolateur de l’homme dont le cœur est supérieur à sa fortune. Et chaque fois l’enthousiasme de M. Weiss est à son paroxysme. Ses admirations sont égales autant qu’elles