Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/272

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sont diverses, et sont pourtant aussi perspicaces qu’elles paraissent effrénées : on ne saurait unir un esprit plus aigu à un délire plus abondant.

Mais, si son impression du moment le pénètre et le possède au point d’opprimer et de chasser presque ses souvenirs ; si toutes ses admirations sont, ou peu s’en faut, égales, étant toutes sans limites, il en est du moins quelques-unes qui le ressaisissent plus fréquemment et qui nous révèlent certaines préférences décidées et foncières.

En réalité, plus que Corneille, Racine et Molière, plus qu’Augier, Feuillet, Labiche et Meilhac, il aime Regnard, Gresset, Piron, Favart et Beaumarchais — et Scribe et Dumas père. Il a la prédilection la plus tendre pour le théâtre du XVIIIe siècle et du temps de Louis-Philippe. Pourquoi ? je ne saurais le dire. Voici quelques passages qui nous l’expliqueront tant bien que mal :

Il y avait alors (au temps de Louis-Philippe) une délicatesse et une générosité qui donnaient le ton à la littérature et le recevaient d’elle. Depuis, nous sommes revenus à une grossièreté de sens moral qui rappelle le XVIIe siècle et même la vieillesse de ce siècle, plus brutal et plus cru avec Dancourt, Le Sage et même Regnard, qu’il ne l’avait été en sa verdeur avec Molière et La Fontaine. Cette crudité a été la marque éminente de la littérature de l’époque de Napoléon III.


C’est là une de ses idées les plus personnelles et les plus chères, une de celles qu’il a le plus souvent déve-