Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/206

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II

Ces adoucissements et ces atténuations, je crains que M. le duc d’Aumale ne les ait fait subir aussi au portrait moral de son héros. Ce n’est là qu’une impression ; mais, me souvenant quel terrible homme a été le grand Condé, je comptais voir son caractère se dégager, dès son enfance, avec un tout autre relief. Or, j’assiste à une enfance comprimée, studieuse, sérieuse et docile de jeune prince qu’on chauffe et qu’on pétrit de bonne heure et durement pour son rôle futur. Mais peu ou point de traits originaux et significatifs. Ce Condé enfant, ce Condé adolescent, je les vois mal et je suis un peu déçu. Sans doute j’avais tort d’attendre autre chose que ce qu’on me donne : c’est apparemment qu’il n’y a rien de plus. Et, après tout, cette histoire du dur dressage d’un enfant à son métier de prince et de général est fort intéressante en elle-même, et M. le duc d’Aumale nous la raconte avec beaucoup de vivacité et de charme et dans un style qui a en même temps de la tenue et de la grâce.

J’ai lu, pour ma part, avec une sorte d’admiration mêlée de pitié ce récit de l’éducation d’un prince. À peine né, son père l’enlève à sa mère, craignant pour lui l’air de Paris et plus tard « l’influence de ces femmes élégantes dont Madame la Princesse était tou-