Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/207

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jours entourée », et l’envoie au château de Montrond, en Berry, sous la garde de mercenaires. À quatre ans et demi, le petit duc fait son entrée à Bourges pour y être baptisé. Il trouve aux portes de la ville la noblesse, le clergé, les officiers de justice, quatre mille bourgeois sous les armes, et conçoit nettement, une fois pour toutes, qu’il n’est point de la même pâte que les autres hommes. Et il entend cinq discours, héroïquement, sans broncher, sans dormir, déjà redressé et roidi dans son rôle de prince — à quatre ans et demi ! Peu après commence pour le pauvre petit, sous la direction d’un Père jésuite et d’un vieux gentilhomme, une éducation impitoyable, à haute pression, que je remercie le ciel de m’avoir épargnée. Il semble avoir été d’une surprenante précocité. À sept ans, il jouait au soldat en latin ; à onze ans, il avait terminé sa rhétorique (au collège Sainte-Marie, de Bourges) et « maniait le latin comme sa propre langue ». M. le duc d’Aumale nous donne quelques-unes des lettres latines qu’il écrivait à son père à cette époque. Elles sont d’une terrible « élégance ». J’y prends une phrase au hasard : Interim hæc rudimenta devoveo primi mei in rhetorica tirocinii, quæ, tametsi impolita sint atque inculta, habebunt tamen veniam, quia tironis sunt, et fortasse parient delectationem, quia sunt filii. (En attendant, je vous dédie ces premiers essais de ma rhétorique. Vous n’y trouverez ni art ni politesse ; mais vous les lirez avec indulgence, parce qu’ils sont d’un apprenti, et peut-être avec plaisir, parce qu’ils sont