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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/224

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de Condé, c’est donc que Condé ne la lui avait point, dite, et cela signifie qu’elle est bien de lui, Gassion. Mais « deviner presque », voilà une nuance que j’ai du mal à saisir.

Enfin ce Gassion, qui ne fait rien que « prendre à droite » et « ramasser les fuyards », le duc d’Anguien demande pour lui, avec insistance et dans plus de dix lettres, le bâton de maréchal. On lit dans ces lettres, qui font le plus grand honneur à Condé : « Je m’adresse à vous pour vous supplier de vouloir faire reconnaître les services que M. de Gassion a rendus en cette occasion d’une charge de maréchal de France. Je puis vous assurer que le principal honneur de ce combat lui est dû. » — « Je vous supplie de considérer qu’on en a fait d’autres (maréchaux) qui n’avaient pas gagné des batailles si avantageuses que celle-ci : il est vrai qu’il ne commandait pas l’armée, mais il a si bien servi que je vous avoue lui devoir une grande partie de l’honneur que j’ai eu. » Et Espenan et le duc de Longueville parlent exactement de la même façon.

« Gassion aussi, dit M. le duc d’Aumale, avait écrit à Mazarin ; dans sa lettre, courte d’ailleurs, il avait trouvé moyen de ne parler que de lui-même. » Voyez-vous percer la malveillance ? Si Gassion ne parle que de lui, c’est peut-être qu’il eût été fort empêché de faire de son général en chef un éloge sans réserves.

Au surplus, je me contente d’émettre des doutes. Il me suffit que la bataille de Rocroy ait été gagnée.