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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/239

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tient comme un raccourci de l’histoire des religions. Ce travail est un de ceux qui nous montrent le mieux comment l’examen d’une question très particulière peut servir à l’éclaircissement de questions essentielles et très générales, et quel rapport il peut y avoir entre l’effort obscur d’un vieil archiviste acharné sur quelque manuscrit poudreux et l’oeuvre glorieuse d’un Mommsen ou d’un Renan. Et que dirons-nous des études où M. Gaston Paris n’expose que des idées générales, de celle qu’il consacre, par exemple, aux Origines de la littérature française ? Il est impossible de mieux démêler les éléments constitutifs de cette littérature ni de mieux raconter la formation première de notre génie national. Mais, après avoir admiré cette exposition si large et si précise, si majestueuse et si pleine, songeons qu’elle résume tout un amoncellement d’études spéciales, minutieuses, insignifiantes, sans lesquelles cette exposition n’est pourtant pas possible ; qu’un érudit de l’espèce de M. Paris absout des milliers d’érudits et justifie leur existence, et qu’il faut que d’innombrables chartistes préparent l’histoire pour qu’un seul puisse l’écrire.

Enfin ce savant de tant de patriotisme et cet érudit de tant de philosophie est, par surcroît, un artiste, un poète. Je vous recommande son admirable leçon sur la Poésie du moyen âge, sur la poésie de sa religion, de sa science, de sa vie entière. Vous y verrez que non seulement M. Paris comprend le moyen âge, mais qu’il le sent, qu’il a pénétré l’âme de nos aïeux et