Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/250

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femme ? non ; toutes les femmes ! toutes les femmes de France qui ont écrit, depuis Christine de Pisan jusqu’à Eugénie de Guérin. Voilà ce qui s’appelle se décarêmer !

Quand je dis toutes…, rassurez-vous : M. Jacquinet a fait un choix. Grâce à ses bonnes habitudes littéraires, il a su apporter de la délicatesse et du goût dans cette débauche, et même de la modestie. Il n’a réuni, pour nos divertissements et pour les siens, que les dames les plus illustres et, sauf quelques exceptions, les plus honnêtes. Et il nous les présente dans d’élégantes notices d’une irréprochable courtoisie. Si quelqu’une a fait parler d’elle, il feint de croire que c’est seulement pour ses talents d’écrivain. Il est, sur les erreurs de ses amies, d’une discrétion parfaite ; et, comme elles ont belle tenue, Bossuet lui-même, introduit dans ce salon, n’y verrait que du feu, lui à qui Mme de Montespan en faisait si facilement accroire, comme le conte Mme de Caylus. Sérieusement, M. Jacquinet a composé là, avec un tact très sûr, pour les jeunes filles de nos lycées, un recueil délicieux que les hommes même liront avec plaisir et profit, qui prête à beaucoup de remarques et au sujet duquel se pose naturellement plus d’une question intéressante.

M. F. Brunetière a récemment étudié[1] la plus importante de ces questions : celle de l’influence des femmes sur notre littérature. Cette influence, il nous

  1. Revue des Deux-Mondes du 1er novembre 1886.