Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/251

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l’a montrée bienfaisante — et restrictive : comment les femmes, par les salons, ont imposé et appris aux écrivains la décence et l’agrément, comment aussi elles ont émoussé l’originalité de quelques-uns et les ont, par trop de souci de l’agrément, détourné des certains problèmes et d’une vue complète de la vie. Je ne vois rien d’essentiel à ajouter là-dessus, car j’ai même appris beaucoup en lisant l’étude de M. Brunetière. Il ne me reste qu’à noter quelques impressions, un peu à l’aventure, en feuilletant cette séduisante anthologie féminine.


I.

La première impression, c’est que presque toutes ces femmes sont charmantes ou drôles, et de figures extrêmement variées. Comme leur sexe les rend très malléables aux influences extérieures, elles représentent, avec moins de mélange peut-être que les hommes, l’esprit des temps où elles ont vécu ; et, en outre, comme la vocation littéraire chez les femmes suppose, plus que chez nous, par son caractère d’exception, un don spontané et original ou une vie un peu en dehors de la règle commune, presque toutes nous offrent, en effet, dans leur caractère ou dans leur existence, des traits imprévus et piquants.

Mais peut-être qu’en parcourant leur prose ou leurs vers nous nous souvenons un peu trop, malgré nous, que ce sont des femmes ; et nous inclinons par là à