Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/268

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qu’elles ont su se faire infiniment charmantes et séduisantes. Et cette oeuvre-là vaut un beau manuscrit de prose ou de vers. Elles sont à elles-mêmes leur propre poème. Leur charme contribue autant à la beauté de la vie que la littérature et est, chez certaines femmes, un produit aussi voulu et aussi préparé. Et si l’on m’objecte que la beauté est involontaire et par conséquent n’a point de mérite, on peut bien le dire également du génie. Je proteste contre le distique brutal, et lourd de toutes façons, de l’odieux Arnolphe :

  Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
  Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité.

Rien de plus faux ni de plus superficiel que cette vue. Pour qui embrasse la vie totale de l’humanité, « ces deux moitiés » ne se conçoivent absolument pas l’une sans l’autre ; elles sont diverses, non inégales ; et, s’il nous était prouvé qu’il en est autrement, M. Jacquinet ni moi ne nous en consolerions.