Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches.

Elle est singulière, cette tête si connue : longue, maigre jadis, au front proéminent, aux pommettes saillantes, aux yeux enfoncés, aux lèvres serrées, au nez un peu court et comme arrêté d’un coup de ciseau qui a trop mordu : tête tourmentée et bizarre, pleine de protubérances et de méplats, surmontée d’un toupet comme on en voit flamboyer sous le lustre des cirques, et où il y a, en effet, du Méphisto et du clown, et peut-être aussi du chevalier de la triste figure. Qu’y a-t-il sous ce front ? Quelle est la vraie pensée qui vit dans ces yeux ? Je ne crois pas qu’il soit très facile de le savoir ; mais je le chercherai librement, n’apportant ici ni prévention ni haine, mais une curiosité qui, parce qu’elle est très éveillée, ne demanderait qu’à se tourner, s’il se pouvait, en sympathie.

Considérez, je vous prie, d’un côté le genre d’esprit de M. Rochefort et ce que nous savons forcément de ses habitudes et de ses goûts, ce qui dans sa vie privée est au grand jour, — et d’autre part ses opinions et son rôle politique : vous reconnaîtrez que, lorsque je parle d’un problème à résoudre, je ne l’invente point par amour du mystérieux.


I

La forme d’esprit de M. Rochefort se rencontre peut-être aussi chez d’autres ; mais il n’est pas d’écri-