Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/69

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étape brûlée. Et, ce qui n’est pas moins singulier, cette longue folie se dissipe d’un coup comme elle était venue, sous la colère affectueuse d’un officier retour d’Afrique. Jamais roman n’eut tant de trous.

Lorsque Henri Mauperin achète le nom de Villacourt, croyant la famille éteinte, Renée, cette adorable Renée qui est un si franc et si honnête garçon, ayant appris qu’il reste encore quelque part un Villacourt, lui envoie sans rien dire un numéro du Moniteur pour l’avertir qu’on lui vole son nom. Elle le fait dans les meilleures intentions du monde, par religion du nom paternel, surtout pour rendre impossible le honteux mariage de son frère. Il n’en est pas moins vrai que ce coup de tête est fort inattendu, qu’il y a là je ne sais quoi qui ressemble à une lâcheté et qui s’accorde mal avec le caractère de Renée tel que nous l’avions cru saisir.

L’histoire de Germinie Lacerteux, une des plus liées, a pourtant ses sursauts, il y a trop de caprice dans le développement de sa maladie ; il ne semble pas qu’elle se révèle assez tôt ; elle sommeille quinze ans entre la première souillure involontaire et le premier amour : c’est beaucoup. N’y a-t-il pas encore une solution de continuité entre son premier amour et son premier caprice de débauche, entre Jupillon et Gautruche ? Enfin n’y a-t-il pas dans la nature de Germinie certaines parties délicates qui semblaient devoir la préserver quand même de l’ignominie complète ?

La psychologie de sœur Philomène est plus simple