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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/154

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manque qu’une chose à ces belles machines lyriques : le frémissement de la vie, ce qui fait qu’on se croit en présence de créatures de chair et de sang.

Comme auteur dramatique, c’est plutôt Musset qui aurait droit à des célébrations d’anniversaires. Il ne faut jurer de rien, On ne badine pas avec l’amour, presque tout le théâtre de Musset nous intéresse et nous touche autrement que Marie Tudor ou même Hernani. Il est facile de prévoir qu’avant la fin du siècle les drames de Victor Hugo ne compteront dans l’histoire du théâtre qu’à titre de documents.

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C’est donc l’écrivain populaire qu’on célèbre par des rites réservés et particulièrement solennels ? — Oui, le peuple a lu quelque peu Notre-Dame de Paris, et les Misérables, malgré les longueurs et le fatras. Mais l’Homme qui rit ou Quatre-vingt-treize, croyez-vous qu’il les ait lus ? Depuis le divorce consommé au seizième siècle entre la multitude et les lettrés, les grands écrivains n’ont été populaires chez nous que rarement et par accident. Populaires, c’est-à-dire réellement connus et aimés du peuple, Dumas père et M. d’Ennery, — ou même M. Richebourg — le sont beaucoup plus que Victor Hugo. Car ce qu’il y a d’éminent chez l’auteur des Contemplations, ce sont des qualités d’artiste, dont la foule ne saurait être juge, et qui lui échappent.

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