Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/159

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de la démocratie, l’avocat des humbles et des souffrants, l’apôtre de la fraternité. — Mais ici même, il est évident qu’il n’est pas le seul, et il est contestable qu’il soit le plus grand. L’avouerai-je ? Je trouve un sentiment de pitié et d’amour autrement sincère et profond dans les livres de Michelet, et une bonté autrement large et sereine dans les candides romans socialistes de la bonne George Sand. Et, pour ne parler que des poètes, quel plus grand cœur que Lamartine ? Et qui, mieux que l’auteur de Jocelyn et de la Marseillaise de la paix, a connu toutes les belles illusions de la foi démocratique et l’ivresse évangélique de l’amour des hommes ?

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Enfin, la personne même de Victor Hugo avait-elle une séduction, et sa vie a-t-elle eu une noblesse et une grandeur à quoi rien ne résiste et qui, s’ajoutant à son génie, lui assurent sans conteste la place la plus élevée dans l’admiration de ses contemporains ?

Il fut un surprenant travailleur ; il eut des vertus de citoyen et des qualités de bourgeois. Il souffrit pour le droit ; et si l’exil eut pour lui des compensations qu’il n’eut pas pour un grand nombre de pauvres diables, il serait cependant injuste de méconnaître le mérite et la beauté de son sacrifice.

Mais, avec cela, ce que je sais de sa personne