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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/199

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n’est pas très philosophique. M. Taine a dû être aussi étonné de s’entendre accuser de perfidie et de mauvaise foi que M. Renan de voir taxer d’immoralité les fantaisies de la Fontaine de Jouvence ou de l’Abbesse de Jouarre. Je ne comprends pas du tout le calcul prêté ici à M. Taine. Quel intérêt pouvait-il avoir à écrire contre sa pensée ? Je ne parle pas de son caractère, qui est connu ; mais ses œuvres répondent pour lui. S’il a jamais été de mauvaise foi, il n’est pas commode de dire à quel moment ; car, s’il l’était en faisant le procès de l’ancien régime, il ne l’était donc pas en faisant le procès de la Révolution, — et inversement. Cet homme a trouvé le moyen de déplaire successivement à tous les partis politiques : c’est dire qu’il vit fort au-dessus des partis et de tout intérêt qui n’est pas celui de la science. La continuité, l’universalité de son pessimisme et de sa misanthropie garantit sa sincérité. Je cherche en vain à quelle rancune il a pu obéir, à qui il a voulu plaire en faisant son portrait de Napoléon. Il est étrange de venir nous parler ici de « mauvaise foi ». Et, quant au mépris dont on l’assure, M. Taine a certes le droit de n’y pas prendre garde.

Ce qui est vrai, c’est que, étudiant Napoléon, il l’a vu fort noir, parce qu’il voit tout ainsi. Ce qui est vrai, c’est que, s’étant fait, après enquête, une certaine idée de Napoléon, il apparu ne tenir compte que des textes qui la confirmaient. Mais cette idée, on ne peut pas dire que ces textes seuls la lui aient suggér-