Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/200

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ée ; peut-être même l’avait-il avant de les connaître. Ce qui est vrai encore, c’est qu’il lui est arrivé de tirer à lui les documents, de les présenter de la façon la plus favorable à sa thèse. Il ne faut donc point l’accuser d’être de mauvaise foi, c’est-à-dire d’altérer sciemment la vérité dans un intérêt personnel, — mais d’user parfois d’un peu d’artifice dans la démonstration de ce qu’il croit être la vérité. Cela est bien différent ; et le parti pris n’est point nécessairement mensonge. Osons le dire, ces inexactitudes, ces habiletés d’interprétation à demi volontaires, vous les trouverez chez tout historien digne de ce nom, qu’il soit artiste, philosophe ou politique, L’érudit seul peut s’en passer (encore ne s’en passe-t-il pas toujours). Mais elles deviennent inévitables dès que l’historien essaie d’interpréter l’histoire et de la « construire », dans quelque esprit que ce soit. Si jamais le prince Napoléon écrit l’histoire de son oncle, nous le défions de ne pas choisir les textes et les arranger à peu près dans la même proportion que M. Taine. Et ce jour-là nous nous garderons de suspecter sa bonne foi, même si nous remarquons qu’en pareille matière la sincérité du neveu de l’empereur doit être exposée à plus de tentations que celle du philosophe sans aïeux.

Le prince Napoléon est encore injuste d’une autre manière. Il ne me parait pas très bien comprendre ni définir l’esprit de M. Taine. Il pouvait être plus clairvoyant, même dans la malveillance. Il écrit :