Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/203

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trouve son origine dans l’usage de la bière ; et, devant un tableau, ayant à juger la chevelure d’une femme, il essayera de compter les cheveux. » La phrase est amusante ; mais, en admettant que cette plaisanterie des cheveux comptés puisse s’appliquer à M. Taine critique d’art, les deux parties de la phrase, qui ont l’air d’exprimer deux critiques analogues, se contredisent en réalité : car, si le dénombrement des cheveux d’un portrait indique bien un esprit myope et borné, tout au contraire l’explication d’un phénomène moral et religieux par une habitude d’alimentation serait plutôt d’un esprit philosophique et discursif à l’excès, capable d’embrasser de vastes ensembles de faits et de les ramener les uns dans les autres. — Enfin, le prince ne peut contenir son indignation contre cet « analyste perpétuel » qui « prend plaisir à déchiqueter sa victime jusqu’aux dernières fibres, sans un cri de l’âme, sans une aspiration vers l’idéal ». Je n’entends pas clairement ce que cela signifie. Et je ne trouve pas que ce soit juger M. Taine avec beaucoup de finesse que de le traiter de « matérialiste », comme pourrait faire un curé de village. Cela aurait bien fait rire Sainte-Beuve.

Après avoir ainsi arrangé M. Taine, le prince Napoléon examine les témoignages sur lesquels il s’est appuyé, en nie la valeur, juge les témoins et les exécute. Metternich est le constant ennemi de la Révolution, dont l’empereur est pour lui le représ-